Détails de l’itinéraire : 103km, environ 950m de D+… 60% gravelle

Vous me reprocherez peut-être de n’être jamais contente, mais quand les canicules estivales nous assomment, je me surprends à envier les sorties fraîches de l’automne… pour quelques jours seulement, rassurez-vous. Je remonte donc un peu dans le temps pour ce parcours : un des derniers que j’ai roulé à l’automne 2023, histoire de me rafraîchir les idées.
Même si à la base, j’avais choisi de venir rouler en Estrie parce qu’on annonçait de la pluie à Québec, mais que finalement, ce fut l’inverse, j’ai vraiment aimé l’atmosphère enveloppante de cette sortie houblonnée. Je me suis fait doucher à plusieurs reprises, alors que les gens de Québec ont pu peaufiner leurs ultimes démarcations de bronzage, mais bon… ils n’ont pas vu d’aussi beaux tableaux d’automne! Tant pis pour eux… ou pas?
En stationnant à la micro de Cowansville, on peut entrer assez vite dans le vif du sujet et fouler les routes de garnotte des Cantons-de-l’Est comme on les aime : bien compactes et très roulantes. Je me remercie d’avoir pensé à traîner une deuxième paire de gants et d’avoir enfilé mes couvre-chaussures. La magnifique vue sur les vignes soigneusement alignées du vignoble de Bromont me fait oublier que le ciel semble incertain, déprimé, et que les gouttes froides d’octobre ruissellent déjà sur mon casque.



Dès que j’arrive à Bromont, je suis vite sortie de mes rêveries, comme je dois traficoté un peu pour traverser les artères principales. Heureusement, cela n’était que de courte durée et je retrouve ma quiétude tant aimée quelques kilomètres plus loin. La Fromagerie Gourmande de Bromont, ayant aussi le double rôle de casse-croûte, me fait de l’oeil, mais je résiste et j’entame l’ascension du mont Shefford. J’y reconnais la non lointaine campagne vermontoise que j’ai visitée quelques mois auparavant lors d’un voyage de bikepacking, dont je suis déjà nostalgique.





L’Estrie étant reconnue non seulement pour ses agréables routes de terre, mais aussi pour ses nombreuses microbrasseries, il y a tellement d’arrêts possibles sur ce parcours qu’il est impératif de faire des choix. La première décision crève-coeur (ou plutôt crève-estomac) est de ne pas succomber aux odeurs de méchoui émanant de la Brasserie La Ferme, quelques bornes après avoir descendu la dernière côte.
Focus en direction de Robin – Bière Naturelle, qui offre un décor différent, mais tout aussi enchanteur : un lieu intime, sièges en ballots de paille et chauffe-terrasse en prime m’invitent malgré le temps maussade. Ne connaissant presque rien aux bières fermières qu’offre cette microbrasserie, je me laisse conseiller et déguste une farmhouse triple à l’érable. Wow, c’est particulier, mais vraiment agréable en bouche! Il y a un côté sûr, certes, mais il ne prend pas toute la place et négocie très bien les arômes avec le côté sucré de l’érable.


Température humide oblige, je ne prends pas trop mon temps et reprends la route vers le prochain spot. Quel bonheur d’ensuite parcourir les quinze prochaines bornes sur une piste cyclable recouverte d’une dense canopée, longeant le Lac-Brome, me protégeant de la pluie au passage. Les odeurs sont riches et s’imposent dans mes narines : les effluves sucrées des feuilles mortes, combinées à celles du sapinage peaufinent cette atmosphère parfaite automnale.
Je rejoins rapidement, mais presque déçue que ça s’achève, la microbrasserie Knowlton et Co. À mi-chemin entre un chalet de luxe et une galerie d’art, la microbrasserie offre plusieurs déclinaisons de bières, magnifiquement représentées par des sérigraphies de type BD. Je ne profite malheureusement pas de l’offre alimentaire alléchante et me gâte d’une canette de IPA pour emporter; ce ne sera que partie remise!




Ayant bientôt atteint mes limites pour me réchauffer sous ce crachin d’octobre, j’entreprends les derniers kilomètres pour rallier le point de départ, vers la microbrasserie au mignon logo de hibou : le Sage Brasseur. Je nettoie mon vélo et mon visage (je me sens un peu comme Magalie Rochette… ok, juste un peu, dis-je!), puis entre me ravitailler adéquatement. Je flanche pour une planche de charcuteries, légumes marinés et fromages. Divin! Le tout accompagné d’une rousse bien maltée, avec une finale rappelant le sucre d’orge, comme je les aime.





Je l’ignorais au moment de rouler cet itinéraire, mais le fait d’avoir failli à la tâche de fuir la pluie allait me servir plus tard de havre de fraîcheur lors des journées étouffantes de l’été suivant. Rien n’arrive pour rien, comme on dit, profitez de l’automne, car on ne sait jamais dans quelle saison il nous mènera! Santé!
